À peine nommé, le gouvernement de Bayrou est déjà menacé par une censure. « Aucune des conditions n’a été respectée par François Bayrou » pour établir un pacte de non-censure entre le Premier ministre et le Parti socialiste, a estimé, ce mardi 24 décembre, son Premier secrétaire Olivier Faure sur BFMTV/RMC, n’excluant plus de renverser le gouvernement, en réaction à la composition dévoilée la veille.

Le chef des socialistes a énuméré trois de ces conditions : « Pas de dépendance [à] l’extrême droite, plus de passage en force avec le 49.3 et, enfin, un changement de cap. » « S’il n’y a pas de changement de cap, il y aura censure », a-t-il ajouté, précisant attendre la déclaration de politique générale de François Bayrou le 14 janvier, avant de se décider.

« Je veux savoir ce qu’il y a exactement de prévu dans ce gouvernement, ce que j’ai entendu hier, c’est du flou », s’est agacé le responsable socialiste qui s’était dit prêt à des compromis avec le Premier ministre centriste et a jugé insuffisants ses gestes, notamment sur les retraites.

« Ils vont vite partir », pour Manon Aubry

La gauche agite le spectre d’une censure, critiquant la tutelle du Rassemblement national. La cheffe des Écologistes, Marine Tondelier, a fustigé sur BFMTV « l’indignité » du Premier ministre, « qui se met entre les mains de l’extrême droite ». La cheffe des députés Insoumis, Mathilde Panot, a de son côté raillé sur X « un gouvernement rempli de gens désavoués dans les urnes et qui ont contribué à couler notre pays… avec le soutien de Marine Le Pen et du RN ».

« Un gouvernement de perdants, dégoûtants et revenants. Qu’ils ne déballent pas leurs cartons, ils vont vite partir ! » a prédit sur X l’eurodéputée Insoumise Manon Aubry. Même son de cloche pour l’Écologiste Sandrine Rousseau, pour qui « c’est un gouvernement de provocation ». « Tout cela va vraiment mal finir », a-t-elle déclaré sur X, avant d’écrire « censure » dans une autre publication.

« C’est trop ! » s’est écrié le leader Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, sur X, réclamant de la part de François Bayrou qu’il présente « la motion de confiance » devant les députés. « Sinon, seule la censure permettra de dire “non” à ce nouveau déni du vote des Français négocié sous le contrôle de Le Pen », a-t-il ajouté, appelant une nouvelle fois à la destitution d’Emmanuel Macron, « l’organisateur de ce naufrage ».

À LIRE AUSSI Le « bal des revenants », « une provocation » : le gouvernement Bayrou ne convainc pas les oppositionsDans le même temps, François Bayrou a indiqué qu’il ne solliciterait pas le vote de confiance à l’issue de son discours à l’Assemblée nationale en janvier, se disant « persuadé » qu’il ne sera pas renversé par l’Assemblée nationale à l’image de son prédécesseur Michel Barnier.

Pour Le Pen, le gouvernement s’achèvera « dans quelques mois »

Le Rassemblement national (RN), qui avait voté la motion de censure déposée par LFI contre le gouvernement Barnier, ne devrait pas censurer a priori le nouveau gouvernement. Pourtant la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen, estime que « ceux qui ont mis le pays dans cet état ne sont pas à plaindre mais à blâmer, pas à soutenir mais à congédier, pas à regretter mais réellement à oublier ».

Dans une vidéo postée sur X, à l’occasion des fêtes de fin d’année, elle analyse la période politique comme un « moment de fluctuation », regrettant un « feuilleton gouvernemental ». Selon elle, les Français choisiraient « au pire dans quelques mois » une « nouvelle voie à suivre, celle du sursaut et du redressement ». Elle a jugé que « ce moment ne manquera pas d’arriver dès que les institutions le permettront », soit « bientôt, très bientôt, au pire dans quelques mois ».